Mars 1999 - Numéro 10. Bimestriel. Ne paraît pas en juillet et août.
Périodique de l'Université de Houte-si-Plou, ASBL.
Le mot du Président
Inviter des personnalités liégeoises marquantes comme Laurette Onkelinx, Jacky Morael, Jean-Pierre Grafé et, bientôt, Didier Reynders à venir exposer (puis débattre de) la manière dont ils entendaient faire de la politique autrement à l'Université de Houte-si-Plou, était-ce une gageure?
Allait-on expliquer à nos étudiants libres comment changer le rapport du citoyen ordinaire à la politique ou raccourcir la distance qui sépare nos jeunes (combien de «moins de 30 ans» dans la salle?) du gratin de notre monde politique.
Les 3 (brillants) orateurs ont séduit, convaincu l'assistance: une leçon de philosophie politique de haute envolée, une ouverture d'esprit, une démonstration de l'importance vitale des couloirs européens pour sauver Liège.
Les meilleurs, et les plus populaires, de nos «hommes» (et femmes) politiques ne veulent pas «faire de la politique autrement»: ils font la politique à leur manière, avec sincérité, engagement et intelligence. Faire de la politique autrement, cela n'incombe-t-il pas aussi (prioritairement, même) à tout-un-chacun, à chaque citoyen individuellement, à rendre conformes ses actes et ses prises de position, à concilier ses propres intérêts et une nécessaire solidarité. Car il n'en reste pas moins que l'organisation de la cité, de la région, du pays, de l'Europe dépend de la politique et que la désaffection relative d'une part grandissante de citoyens pour la chose publique et le désintérêt total des jeunes est plus qu'interpellant: il est inquiétant.
Ne suffirait-il pas, comme en France, qu'une figure emblématique, même clownesque, émerge dans notre région pour voir le «vide de l'intérêt politique» envahi par l'extrême-droite - ce mal absolu, cette négation de ce que nous défendons: la démocratie? Après les années '70 et '80 (argent, collusions, gaspillage) où on ne s'est pas beaucoup intéressé au citoyen (encore moins aux jeunes), les politiques francophones sont disposés, de façon largement consensuelle, à regagner le terrain abandonné. Mais, et de grâce, en chemin, ne perdez pas nos jeunes!
Robert Briquet